Aux côtés des travailleurs, de la jeunesse du Gabon :
retrait des troupes françaises du Gabon et de toute l’Afrique !
Apres la mort d’Omar Bongo, début juin, un scrutin présidentiel a été organisé au Gabon le 30 août 2009. Il s’agissait de remplacer ce chef d’État du Gabon en place depuis 1967. Mais après l’annonce des résultats déclarant vainqueur Ali Ben Bongo, fils et ex-ministre de la Défense d’Omar Bongo, avec 41,73% des voix devant ses deux principaux concurrents André Mba Obame (25, 88%) et Pierre Mamboundou (25, 22%), le régime a dispersé avec violence les nombreux manifestants et responsables de l’opposition venus au siège de la Commission électorale nationale autonome et permanente (CENAP) s’assurer du bon décompte des voix. La CENAP était en grande partie composée de membres du Parti démocratique gabonais, au pouvoir. Pour appuyer le coup de force d’Ali Bongo, la Garde présidentielle et l’armée quadrillaient Libreville. Et dès le lendemain du vote, le gouvernement de Sarkozy par la bouche d’A. Joyandet, secrétaire d’Etat à la Coopération, jugeait le scrutin régulier alors que de nombreuses fraudes étaient dénoncées tant au Gabon que dans les ambassades à l’étranger. Quels intérêts Sarkozy défend-il tout en décrétant « 2010 année de l’Afrique » ?
Ce pays de 1,4 million d’habitants et d’une superficie de 268 000km2, se situe sur la côte Atlantique du golfe de Guinée. Au sud de la Guinée Équatoriale et au nord-ouest du Congo Brazzaville, le Gabon fait partie de l’Afrique subsaharienne.
Les principales villes sont Libreville la capitale et Port gentil (capitale économique). La production de pétrole en 2008 a atteint 13,8 millions de tonnes. Le chômage atteint 40 % de la population active. L’inflation tourne autour de 5% et la monnaie CFA équivaut à 0,001524 euro. L’espérance de vie est de 51 ans et 70% des Gabonais vivent au dessous du seuil de pauvreté.
Les colonies françaises d’Afrique subsaharienne ont accédé à l’indépendance entre août 1958 et août 1960. En 1958, de Gaulle fait approuver, par référendum, la constitution de la Ve République : l’article 76 prévoit que les territoires qui auront adopté la Constitution devront, s’ils décident de changer de statut, choisir de devenir ou bien départements d’Outremer ou bien Etats membres de la Communauté. En Afrique Équatoriale française (AEF : Gabon, Congo, Centrafrique, Tchad) et en Afrique occidentale française (AOF : Sénégal, Mali, Mauritanie, Haute-Volta, Guinée, Niger, Cote d’Ivoire, Bénin), tous les territoires, à l’exception de la Guinée approuvent la Communauté franco-africaine. Seul le parti démocrate de Guinée dirigé par Sékou Touré a appelé à voter « non » au référendum : la Guinée est devenue indépendante le 28 septembre 1958. Tandis que les autres pays de l’AEF et l’AOF, Madagascar sont restés dans la « communauté française ».
En 1959, en congrès extraordinaire, le rassemblement démocratique Africain réaffirme la volonté de celui-ci de rester dans la communauté. Mais sous la poussée des masses, ces pays réclament leur indépendance. À la fin 1959, de Gaulle décide de reconnaître la souveraineté pleine et entière du Mali. En août 1960, la totalité des États constitués de l’ex-AEF et l’ex-AOF ainsi que Madagascar ont proclamé leur indépendance.
Cette indépendance s’inscrit dans le cadre des rapports politiques internationaux, de la désagrégation des empires coloniaux et particulièrement de l’Empire français. Après la défaite en Indochine, l’enlisement dans la guerre coloniale en Algérie, l’impérialisme français doit accorder l’indépendance aux pays d’Afrique subsaharienne. Mais dans les ex-AEF et AOF l’impérialisme français n’a pas perdu pied, les dirigeants des nouveaux États, les couches dominantes sont restés des clients de l’impérialisme français ; d’importantes bases militaires sont restées implantées et, à de multiples reprises, l’armée française est intervenue, non seulement dans les États issus de l’ex-AEF et AOF mais également au Zaïre (ex-Congo belge, au Rwanda, au Burundi)….
Au début des années quatre-vingt-dix, l’impérialisme français cherche à défendre becs et ongles ses positions en Afrique face à l’impérialisme américains : le résultat, c’est sa complicité dans le massacre de près d’un million de Tutsis au Rwanda. Mais le « pré-carré » est sérieusement ébranlé. La bourgeoisie française n’a d’autre solution que de soutenir coûte que coûte, pour préserver ses positions, les régimes les plus corrompus, comme celui du Gabon, dont Omar Bongo était président depuis 41 ans et soutenu par tous les gouvernements français de Mitterrand à Sarkozy.
Il faut savoir que le Gabon est riche en sous sol de pétrole, de minerai de fer, de manganèse, d’uranium et l’impérialisme français ne voit pas d’un bon œil l’exploitation par la Chine et les capitaux américains des minerais de fer de Bélinga.
Sarkozy s’est empressé de reconnaître la victoire électorale de Bongo. Son gouvernement apporte son soutien au nouveau président Ali Bongo, élu en septembre fils du Tyran Omar Bongo, mort à 73 ans, un vieillard pour les Gabonais. L’impérialisme français continue de piller le Gabon sous le contrôle des groupes Total, Areva…et soutient par l’envoi de ses hommes et troupes pour réprimer toute manifestation contre ce pouvoir corrompu.
Les manifestants à Port-Gentil ont visé le régime Bongo et tout ce qui symbolise ses relations avec l’impérialisme français : les supérettes Cécado dont Bongo est actionnaire, le consulat de France, les installations pétrolières Total-Gabon, les stations service.
Cette ville et ses habitants attendent depuis 25 ans le pont qui doit relier Port Gentil à Libreville. Et Ali Bongo a exacerbé la colère en distribuant lors de sa campagne des téléphones portables, des tee-shirts. Il a exhibé sa richesse à une population qui meure de faim et a interdit toute manifestation de l’opposition.
Déjà en mai 1990, la mort suspecte de l’opposant politique Joseph Redjembe avait déclenché des manifestations spontanées à Libreville et Port Gentil. Les manifestants réclament le départ d’Omar Bongo. À cette époque, la production pétrolière d’ELF Gabon est stoppée. Mitterrand envoie les troupes, 500 soldats pour protéger ce gouvernement corrompu. L’intervention a lieu en application de l’accord de défense franco-gabonais de 1960. Et Omar Bongo de déclarer : « on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Au désordre, il faut des moyens et je suis en mesure de faire taire qui que ce soi ».
L’accord de défense est toujours en vigueur. À Paris tandis que le PS se contentait de dénoncer un scrutin présidentiel précipité et contesté et condamnait les actes d’intimidation contre les Français, Bernard Kouchner (ministres des affaires étrangères), se référant au travail des missions d’observation du scrutin, affirmait que la France accepterait le résultat des élections « les plus contrôlées ». Et Joyandet de menacer les Gabonais : “ si par malheur, les ressortissants français venaient à être inquiétés, il y aurait une quasi-automaticité d’intervention de nos troupes basées sur place […] il y a assez peu de probabilité que l’armée française quitte le Gabon.”
Aux États-Unis, répondant à la question de savoir si Washington considérait l’élection gabonaise comme libre et honnête, le porte parole du département d’état a déclaré : « je ne crois pas que nous soyons encore parvenus à cette conclusion. »
Afin que la jeunesse, les travailleurs, la population laborieuse gabonaise puissent prendre le contrôle effectif des richesses de leur sous-sol, le rôle des organisations ouvrières partis et syndicats est de se prononcer immédiatement pour le retrait immédiat des troupes françaises du Gabon et de toute l’Afrique !