Vers de nouvelles mobilisations spontanées ?
Le gouvernement mène la guerre contre la jeunesse et la population laborieuse
Alors que le chômage continue de croître, Sarkozy poursuit sans relâche la mise en œuvre de sa politique. Il fait ainsi voter par sa majorité UMP le texte modifiant le statut de la Poste, permettant sa privatisation ; il relance la réforme des lycées, réforme totalement inacceptable qui menace tout autant le bac que le statut des enseignants ; il impose la mise en œuvre de la réforme du recrutement et de la formation des enseignants, relance l’offensive contre les hôpitaux publics.
Et la politique répressive se poursuit sans répit : expulsion de sans-papiers, explosion du nombre des gardes à vue pour apeurer et humilier, sanctions contre les enseignants désobéisseurs, etc…
Pour ne pas se retrouver face à une vague de mobilisation comme ce fut le cas au printemps 2009, notamment en Guadeloupe, le gouvernement compte sur la « bienveillance » des dirigeants syndicaux qui lui apportent un soutien sans fard, notamment par le dialogue social mené jour après jour dans les couloirs des ministères, ce que firent (parmi d’autres) les dirigeants du SNES en signant les « points de convergence » préparatoires la réforme des lycées. Ce soutien prend de multiples formes.
Ainsi la mobilisation en défense de la Poste a-t-elle été disloquée par une campagne de cartes postales adressées à Sarkozy, campagne qui est la négation de toute véritable mobilisation. Ainsi, le 7 décembre, les dirigeants de trois organisations proches du Parti socialiste (la FCPE pour les parents d’élèves, et deux organisations lycéennes, l’UNL et la FIDL) ont exprimé à Luc Chatel leur soutien à sa réforme des lycées sous réserve de modifications mineures. On peut multiplier les exemples.
Une « majorité » minoritaire dans le pays
Mais ces soutiens ne suffisent pas à dissiper l’inquiétude de la majorité parlementaire UMP. Car les sondages dont Sarkozy est si friand indiquent un niveau sans précédent d’opinions défavorables, sa politique étant notamment rejetée par les trois quarts des ouvriers et des moins de 34 ans.
Certains, au sommet de l’État, s’inquiètent donc désormais du scandale des gardes à vue ; d’autres critiquent la suppression de la taxe professionnelle qui touche les ressources des collectivités territoriales ; d’autres encore, au Sénat, s’opposent au gouvernement en voulant limiter davantage le recours aux niches fiscales.
Et tous les élus UMP redoutent désormais une raclée électorale aux élections régionales. Pourtant ils devraient être optimistes : quasi toutes les régions étant sous contrôle de l’opposition, ils n’ont rien à perdre et tout à gagner. En outre, cette « opposition » se déchire sur la question des alliances électorales : nombre de dirigeants du PS souhaitent une alliance avec le Modem, et tous se préparent à une alliance avec François Bayrou au second tour. Quant au PCF, il dit refuser de telles alliances, mais il est déjà prêt à abandonner son allié du Parti de Gauche de Mélenchon, et se ralliera sans état d’âme au PS, avec ou sans Modem. Le NPA, de son côté, se divise sur cette question des alliances.
Le mouvement spontané peut balayer les manœuvres électorales et la politique du gouvernement
En dépit des obstacles majeurs (rappelés ci-dessus), le mouvement spontané peut surgir de nouveau.
Depuis le 12 octobre, une nouvelle vague de mobilisation de travailleurs sans papiers s’est développée malgré les menaces d’expulsions. Des centaines de parents d’élèves engagent des procédures contre l’inscription de leurs enfants sur les fichiers de « base-élèves ». Contre la réforme des lycées, l’opposition commence à s’organiser, tant du côté des lycéens que des enseignants.
Plus les régionales vont se rapprocher, plus va se développer l’idée que si les élections régionales n’offrent en elles-mêmes aucune issue politique, aucune alternative gouvernementale, elles constituent une situation propice pour les mobilisations du fait des difficultés de ce gouvernement.
L’insurgé s’inscrira dans toutes les mobilisations contre ce gouvernement, et confortera tout ce qui contribue à l’organisation du combat uni, à la rupture avec ce gouvernement, avec l’UMP et le MODEM, à la rupture du dialogue social, et qui fait prévaloir les véritables revendications.