Soutien inconditionnel à l’insurrection du peuple syrien et à son objectif : chasser la dictature de Bachar el Assad et de son clan !
Alors que la répression devient, semaine après semaine, de plus en plus féroce, la mobilisation du peuple syrien pour en finir avec la dictature de Bachar el-Assad et de son clan mafieux se poursuit avec courage et opiniâtreté. Cette résistance au grand jour, qui dure depuis presque un an, devrait bénéficier du soutien de l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier, partis et syndicats, ainsi que de tous ceux qui sont attachés à la défense des droits démocratiques, et ce soutien devrait être inconditionnel, franc et massif.
Cela n’a pas été vraiment le cas jusqu’à ce jour. Trop souvent ne s’exprime qu’une simple indignation contre la répression, avec la demande que cessent les massacres. Et tandis que certains redoutent une ingérence militaire des puissances impérialistes, d’autres (et souvent les mêmes) en appellent à l’ONU… Mais l’ONU n’est pas neutre, et n’intervient que pour le compte des impérialismes dominants.
Certes, les manœuvres des grandes puissances sont évidentes. Ces impérialismes ont, durant des décennies, entretenu de bonnes relations avec le clan au pouvoir, en dépit de quelques frictions limitées. Bachar el Assad n’avait il pas été reçu avec faste par Sarkozy le 14 juillet 2008 ?
Pendant des décennies, ce régime a opprimé le peuple syrien et pillé le pays. Les dirigeants impérialistes appréciaient ce régime qui maintenait l’ordre dans la région. Et les dirigeants d’Israël savaient ne rien avoir à redouter de ses rodomontades « anti impérialistes » qui n’avaient qu’une fonction intérieure.
Aujourd’hui les dirigeants impérialistes, jugeant que l’avenir de ce régime est menacé, considèrent qu’il leur faut trouver une transition pour se débarrasser du clan au pouvoir tout en préservant l’appareil d’État, ce qui a été provisoirement réussi - non sans mal - en Égypte. C’est en ce sens qu’œuvre la Ligue arabe, et c’est ce qui ordonne les divers projets de résolutions à l’ONU, résolutions rejetées par les représentants de Moscou et de Pékin qui protègent leur fidèle allié. De même les diverses formes d’interventions étudiées (pressions économiques, zones d’exclusions aériennes, couloirs « humanitaires ») sont motivées par la recherche d’une « transition » qui interdise au peuple syrien de décider lui-même de son propre avenir.
Mais ce qui doit importer aux organisations ouvrières, et à tous ceux qui disent vouloir défendre les droits démocratiques, c’est qu’au point de départ de tout, il y a l’exceptionnelle mobilisation des masses syriennes pour en finir avec la dictature, mobilisation qui est aujourd’hui la pointe avancée du processus révolutionnaire qui se développe depuis un an dans la plupart des pays arabes. Et c’est la volonté de mettre à bas la dictature qui doit être prise en compte, non les manœuvres impérialistes.
Le peuple syrien, durant les premiers mois de son insurrection, a réaffirmé le refus de toute intervention militaire impérialiste comme il a refusé toutes les manœuvres organisées par le pouvoir pour jouer des oppositions, communautaires et religieuses, au sein de la Syrie, réaffirmant que le peuple syrien était uni contre la dictature. Mais face à la répression, la mobilisation a évolué, se renforçant semaine après semaine. Dès la mi-avril 2011, un mot d’ordre a unifié les mobilisations : « le peuple veut la fin du régime ». Aménager ce régime est impossible. Désormais, le préalable, c’est de le renverser.
De même a-t-il, des mois durant, affirmé sa volonté de manifester pacifiquement contre le régime, affrontant à mains nues les tueurs envoyés par la dictature. Mais pour tenir tête aux nervis du régime, pour poursuivre ses manifestations, pour organiser sa survie dans la vie quotidienne, le peuple syrien a dû s’organiser à partir de nombreux collectifs locaux et de quartiers, en comités locaux de coordination.
Certains, qui se félicitaient que la résistance soit strictement pacifique, s’inquiètent désormais d’un « risque de guerre civile » et demandent, comme le PCF, que l’on « arrête cette escalade très dangereuse ». Cela revient à renvoyer dos à dos la terreur d’État et la résistance unie des masses, ce que font les dirigeants russes et chinois. Ainsi, « la position de la Chine est d’appeler le gouvernement, l’opposition et les hommes armés à arrêter immédiatement les actes de violences » (déclaration du 18 février). De même le PCF et bien d’autres ne reprennent pas à leur compte le mot d’ordre formulé par les manifestants depuis des mois : « Allez, dégage, Bachar ! »
Or c’est ce mot d’ordre qui structure toute la mobilisation des masses syriennes, et qui s’oppose aux projets de « dialogue » formulés par ceux qui redoutent que les masses syriennes chassent elles-mêmes la dictature (En Syrie, il n’y a guère que le Parti communiste syrien, inféodé à la dictature, pour défendre un « dialogue loyal et constructif » avec ce pouvoir mafieux). La position du mouvement ouvrier international ne peut être que solidaire du but que s’est fixé le peuple syrien : « À bas la dictature ! »
De même, si les manifestations demeurent pacifiques, une résistance armée s’est constituée, dont l’une des tâches est de protéger la population civile des opérations conduites par les tueurs du régime. Une partie de cette résistance se retrouve sous le sigle de l’Armée de libération de la Syrie (ALS), force embryonnaire qui a été initiée par des soldats déserteurs contraints de se protéger de la répression impitoyable, puis par des civils qui veulent résister à l’activité des bandes armées officielles.
Et cette résistance populaire a besoin de médicaments, alors que les médecins qui soignent les blessés sont pourchassés, elle a besoin d’argent et de moyens de communication. Or, à l’échelle internationale, les organisations ouvrières, partis et syndicats, protestent certes contre la répression mais n’apportent aucune aide matérielle, fût elle symbolique.
De ce fait, le terrain est laissé totalement libre aux ingérences du Qatar et de ses commanditaires (les gouvernements américain, français et anglais). Pour l’instant, ces derniers excluent une intervention comme en Libye, mais le Qatar a fait la proposition d’une intervention armée ouverte. Et il semble aujourd’hui que (via le Qatar notamment) une première aide financière et technique (ainsi que la fourniture d’un armement léger) est envoyée à certains éléments de la résistance. Mais qui pourra reprocher aux insurgés syriens d’accepter une telle aide alors que le mouvement ouvrier international se contente, au mieux, de se lamenter contre la répression ?
L’avenir du combat qui se déroule en Syrie reste ouvert : l’insurrection risque d’être être écrasée par la répression, et ce serait un coup très dur contre le peuple syrien et aussi contre l’ensemble du processus révolutionnaire qui se développe depuis janvier 2011 dans les pays arabes. On ne peut considérer par avance que le régime de Bachar al-Assad est inévitablement condamné, qu’il sera finalement balayé, sauf à vouloir justifier par ce biais le refus de toute forme de soutien au peuple syrien.
La première exigence, c’est d’affirmer haut et fort le soutien inconditionnel du mouvement ouvrier international à l’insurrection du peuple syrien : ce combat est totalement légitime, et ne souffre aucune restriction. C’est aussi d’affirmer le soutien plein et entier à l’objectif que le peuple syrien s’est fixé de chasser le dictateur et son clan. Toute tentative d’imposer aux insurgés syriens un dialogue avec le régime, une négociation dont ils ne veulent pas, doit être considérée comme une ingérence inacceptable, qu’elle le soit sous couvert de la Ligue arabe ou de l’ONU.
De même il convient de dire qu’il appartient au peuple syrien, et à lui seul, de définir les moyens de son combat. Et s’il juge qu’il n’a d’autre choix qu’une insurrection de toute la population, avec la protection de milices civiles, ce choix doit être soutenu. Car si la dislocation politique du régime militaro policier de Bachar el Assad peut être provoquée par l’ampleur de la résistance, la persistance des manifestations, l’organisation de toute la population, il est aujourd’hui manifeste que l’auto défense armée est une composante de cette résistance, que les désertions dans l’armée ne pourront que conforter.
Le 18 février 2012