Fusion d’hôpitaux : le personnel sous pression (interview)
La loi Bachelot de 2009 (loi Hôpital, patients, santé et territoire ou HPST) a encouragé la fusion d’hôpitaux et s’est accompagnée d’importantes restrictions budgétaires. Avec la nouvelle gouvernance, le directeur d’hôpital définit la politique médicale, nomme et licencie y compris les médecins sous le contrôle de l’Agence régionale de santé. Les personnels et leurs syndicats dénoncent la logique d’« hôpital entreprise » et exigent l’abrogation de la loi Bachelot.
L’interview d’une jeune salariée de l’hôpital Trousseau que nous publions ci-dessous est illustratif des conséquences pour le personnel (et les patients) de cette politique que le projet de loi Touraine veut imposer à tout le système de santé.
La fusion des quatre hôpitaux (Rothschild, Saint-Antoine, Trousseau et Tenon) a eu lieu depuis la loi Bachelot loi (HPST) en 2009, pour mutualiser les moyens matériels et humains, pour économiser les dépenses de santé en transférant différents sites comme aujourd’hui, par exemple, la pharmacie. Cela doit s’accentuer avec la loi Marisol Touraine qui annonce une refondation de tout le système de santé en particulier pour les hôpitaux publics.
Actuellement quatre techniciennes de laboratoire, 16 préparateurs en pharmacie et quatre agents (aide-laboratoire, aide-préparateur, livreur) travaillent sur la pharmacie de Trousseau. Cette année deux postes seront supprimés (un poste d’aide-préparateur et un poste d’agent), alors que les cadences de travail augmentent, les congés maladie ou de maternité ne sont plus remplacés : une technicienne de laboratoire en congé maternité en janvier/février 2015 n’a pas été remplacé. La mobilité des préparateurs en pharmacie sur les quatre hôpitaux est annoncée.
Le principe d’une P.U.I (unique), pharmacie à usage interne unique pour les quatre hôpitaux, a été acté le 24 juin 2014. Mais la particularité de Trousseau, c’est sa spécialité pédiatrique, ce qui pourrait peut- être éviter sa fermeture.
Pour le matériel, il y a jusqu’ à aujourd’hui un local et un agent pour les compresses, gants, seringues... Ce dispositif va fermer : il n’est, parait-il plus conforme ! Une nouvelle organisation se met en place : un magasin médical sera centralisé à Saint-Antoine. Dans les services de soins hospitaliers, toutes les commandes de matériel se feront par ordinateur. Nous allons perdre un poste sur ce site.
La fermeture de la stérilisation à Trousseau est en cours (elle n’a que 5 ans), en attendant la réouverture de la stérilisation de Saint-Antoine. Début 2017, Trousseau devrait définitivement fermer. C’est la conséquence de la mutualisation forcée des moyens et du personnel.
Ce sont les droits de l’ensemble des travailleurs des hôpitaux publics qui sont attaqués. Il faudrait exiger le retrait du projet de loi Touraine, exiger le maintien des quatre pharmacies avec leur spécificité, exiger la défense inconditionnelle du statut de la Fonction publique hospitalière (sur les quatre hôpitaux, il y a 2 000 agents en CDD, 126 seulement verraient leur titularisation) !