Défendre les libertés démocratiques : le rôle des syndicats
Dans la mobilisation nécessaire contre l’extension des lois anti démocratiques, les syndicats ont un rôle décisif à jouer. Mais dans un premier temps, les directions syndicales justifièrent les mesures d’exception puis, en ordre dispersé, s’engagèrent avec plus ou moins de clarté contre les mesures d’exception, participant à des manifestations contre l’état d’urgence et la déchéance de nationalité. Il fallut pour cela de longues semaines de débats dans les instances et congrès syndicaux.
C’est ainsi que, dans la FSU en particulier, nombre de militants mirent en évidence le caractère liberticide de la loi instaurant l’état d’urgence, et le fait que cette loi a été utilisée contre des personnes et militants qui n’ont rien à voir avec quelque activité terroriste que ce soit (perquisitions brutales en pleine nuit de domiciles familiaux ; assignations à résidence de militants écologiques, de manifestants pacifiques, etc.).
Fut aussi mise en évidence la menace que fait peser le projet de constitutionnalisation de l’état d’urgence sur les libertés publiques et l’action syndicale, et la remise en cause du droit du sol que constitue le projet de déchéance de la nationalité pour les binationaux nés en France.
En outre, le projet de réforme pénale, annoncé le 5 janvier, permettrait à l’administration, en particulier les préfets, de contourner les juges, ce qui renforcerait les pouvoirs de la police.
Sur la base de ce constat était donc exigé que la FSU se prononce en particulier pour la levée immédiate de l’état d’urgence, contre sa prolongation, contre le projet de constitutionnalisation de l’état d’urgence et de la déchéance de nationalité, et pour le retrait du projet de réforme pénale.
Finalement, à l’unanimité, le congrès national de la FSU, le 3 février, adopta une position en ce sens.
Mais sur un point précis, ni la direction de la FSU ni aucune autre direction syndicale n’a encore accepté de modifier sa position : cela concerne le comité de suivi de l’état d’urgence installé fin novembre par le gouvernement, auquel sont invités à participer mensuellement les dirigeants syndicaux et le MEDEF, pour associer les syndicats à la politique sécuritaire du gouvernement.
Ce fut le cas le 24 novembre et le 3 décembre, avec la participation de la totalité des syndicats. Or il n’est pas possible de demander la levée de l’état d’urgence, de refuser sa prolongation et sa constitutionnalisation et de participer en même temps à sa mise en œuvre.
Le combat pour que les syndicats se retirent de ce comité de suivi doit donc se poursuivre dans tous les syndicats, sans exception.