Des difficultés nouvelles pour la bourgeoisie allemande
Moins d’un an après sa formation, le gouvernement allemand se trouve confronté à une situation qu’il n’avait pas prévue, et qui le met en difficulté : ce fut d’abord une chute de la production industrielle consécutive notamment à l’épidémie du Covid en Chine et se traduisant à la fois par de moindres exportations vers la Chine et par une rupture de la chaine de production en Allemagne causée par d’immenses retards dans l’envoi de pièces fabriquées en Chine pour l’industrie allemande. Ainsi l’industrie automobile allemande manque-t-elle cruellement de pièces pour l’informatique embarquée sur les véhicules.
Puis ce fut le coup de tonnerre, le 24 février 2022, de l’offensive russe contre l’Ukraine. Depuis l’occupation de la Crimée en 2014 par l’armée de Poutine, Merkel et le gouvernement allemand avaient choisi de fermer les yeux sur cette annexion, se contentant (comme le gouvernement français) d’indolores sanctions économiques : les relations économiques avec la Russie étaient en effet trop importantes pour la bourgeoise allemande, et sa dépendance à l’égard du gaz et du pétrole russe était devenue une véritable addiction.
Mais en février 2022, la résistance profonde du peuple ukrainien contraignit les gouvernements européens (et celui des Etats-Unis) à s’engager dans la voie de sanctions économiques et financières beaucoup plus importantes, accompagnées de l’envoi de matériel militaire à l’Ukraine.
Pour l’Allemagne, c’est un véritable bouleversement dans ses rapports avec la Russie, bouleversement qui n’a pas fini de faire sentir ses conséquences sur le plan économique et sur la politique du gouvernement allemand. Il est dès lors utile de rappeler les conditions de sa formation il y a un an.
Les élections fédérales allemandes du 26 septembre 2021
Les élections fédérales allemandes se sont tenues le 26 septembre 2021 avec un taux de participation de 76,72 %, afin de renouveler les membres du Bundestag au nombre de 735 députés, la majorité absolue étant de 368 sièges.
Le nombre d’inscrits : | 61 168 234 |
Votants : | 46 838 765 |
Nuls : | 419 317 |
Le SPD obtenait 25,74 % des voix, 206 sièges (+ 53par rapport à 2017), 11 949 756 voix, Avec Olaf Scholz en tête de liste. La CDU/CSU obtenait 24,07 % des voix, 196 sièges (-50 par rapport à 2017), 11 173 806 voix, avec Armin Laschet tête de liste. Les Verts obtenaient 14,75 % des voix, 118 sièges (+51 par rapport à 2017), 6 848 215 voix, avec Annalena Baer bock tête de liste. Le FDP obtenait 11,45% des voix, 92 sièges (+12 par rapport à 2017), 5 316 698 voix, avec Christian Linder. L’AFD réalisait 10,35 % des voix, 83 sièges (-11 par rapport à 2017), 4 802 097 voix, avec Alice Weidel et Tino Chrupalla, têtes de liste. Die Linke ne recueillait que 4,89 % des voix, 39 sièges (- 30 par rapport à 2017), 2 269 993 voix, avec Janine Wisser et Dietmar Bortsh têtes de liste. (Die Linke entrera tout de même au Bundestag bien qu’il n’ait obtenu que 4,9% des voix car deux candidats arrivent en tête, un à Berlin, et l’autre à Leipzig élus dans leur circonscription selon la loi électorale qui s’effectue en deux tours). |
Angela Merkel ne se représentait pas. Le SPD arrivait en tête devançant de peu la CDU d’Armin Laschet, qui réalisait le plus mauvais résultat depuis 1945. À l’exception d’une grande coalition, aucune majorité n’est possible sans les Verts et le FDP. Ce sera une coalition dite « feu tricolore » (rouge, jaune et vert), du jamais vu en Allemagne.
Les partis et leur programme
La CDU/CSU
Lors de ces élections Armin Laschet a entendu s’inscrire dans la continuité d’Angela Merkel en particulier au niveau budgétaire. Il s’est opposé ainsi à l’introduction d’un impôt sur la fortune, a proposé la taxe de solidarité et de réduire de 30 à 25 % l’imposition maximale sur les bénéfices des entreprises. Il a fait de la baisse du taux d’endettement des administrations publiques l’une des priorités de son programme économique. Alors qu’entre début août et début septembre, la CDU chute de 27 à 20 % des intentions de vote à cause d’Armin Laschet. (Bien qu’anecdotique il est apparu hilare dans une commune victime des inondations en Rhénanie). La CDU s’est également affaiblie par plusieurs affaires de corruption et de scandales politico-financiers, comme le scandale Wirecard une entreprise de paiement en ligne (fraude fiscale de deux milliards d’Euro), et le versement de pots de vin à des députés conservateurs par des fabricants de masques durant la pandémie du covid-19. Enfin des tensions internes, alimentées par un très fort courant national se sont rajoutées à la campagne.
Jeans Spahn (ancien ministre de la santé depuis 2018) se plaint surtout qu’Armin Laschet a écarté la question des réfugiés de la campagne.
Norbert Röttingen (ancien ministre de l’Environnement) souhaite que tous les membres de la CDU décident du successeur d’Armin Laschet et également soutenu par Friedrich Merz, et explique que cela ne peut plus durer : la CDU a besoin d’une réorientation complète pour réformer la sécurité sociale et le système fiscal< ; une politique étrangère et de sécurité dans le cadre de l’Union Européenne.
Ces trois hommes représentent trois composantes ou courants de la CDU, le courant conservateur, le courant économique libéral et le courant chrétien, qui pourraient un jour diviser et faire reculer encore plus la vieille CDU très malade…Le FDP, devient aujourd’hui l’héritier de la CDU.
Défait, Armin Laschet, se dit prêt à abandonner la tête de la CDU et à organiser un congrès pour renouveler le parti et la grande question porte sur la ligne du parti.
Le 22 janvier 2022, le congrès de la CDU désigne Friedrich Merz comme nouveau président. Jugé plus « à droite » qu’Angela Merkel, ce proche des milieux d’affaires aura pour mission de relancer un parti en crise après l’échec des dernières élections législatives.
Le SPD
Le SPD avec Olaf Scholz a pris la main sur les « discussions exploratoires » avec les verts et les libéraux (FDP) en vue de former un gouvernement. Les trois formations politiques ont annoncé le 15 octobre 2021 leur intention de démarrer les négociations. Olaf Scholz a évoqué « le plus grand programme de modernisation industrielle depuis 100 ans », tandis qu’Annalenna Baer bock (verts) s’est félicitée d’avoir pu mettre sur la table « une proposition de coalition progressiste pour un véritable renouveau ». Le président du FDP, Christian Linder a de son côté loué un « style politique qui marque une césure dans la culture allemande ». Ils veulent mener une politique européenne active à l’appui d’un partenariat franco-allemand fort. La France doit prendre en janvier la présidence de la commission Européenne.
SPD, FDP, et Verts visent donc un accord de coalition fin novembre pour qu’un nouveau gouvernement soit annoncé en décembre.
Le SPD participe au gouvernement depuis 2013 comme partenaire d’une grande coalition (GROKO). Mais le 7 décembre 2017, le chef de file des jeunes du SPD (JUSOS), Kevin Külnert avait défendu l’idée selon laquelle les sociaux-démocrates, après quatre ans de « grande coalition » avec Merkel et la CDU devaient refaire leurs forces dans l’opposition. Lors du congrès du SPD, Kevin Külnert avait enflammé les 600 délégués qui avaient voté à 44% contre l’ouverture des négociations en faveur d’une alliance avec la CDU. Un accord mis sur la table malgré des divisions internes au SPD.
Le FDP
Christian Linder veut imposer une rigueur budgétaire plus importante, il veut renforcer les lois Hartz IV (mise en place sous Schröder en 2005), également une loi sur les prestations sociales aux demandeurs d’asile, une loi sur les sanctions infligées aux bénéficiaires de l’allocation aux chômeurs en fin de droit conditionné par le contrat d’insertion (dispositif qui inclut les emplois à 1 euro dans le travail dit d’utilité publique), une loi visant à repousser les demandeurs d’asile.
L’AFD
L’AFD a perdu 11 députés au Bundestag. L’AFD veut sortir de l’Union Européenne et refuse l’Euro. Elle rejette l’immigration tout comme les mesures pour lutter contre le changement climatique. L’AFD a été créé en 2013. Elle a fait ses meilleurs scores dans les länder de l’ex- Allemagne de l’est : 18 % dans le Brandebourg, 18 % dans le Mecklembourg-Poméranie, en Saxe elle arrive en tête avec 24,65 % et deuxième à Thuringe avec 23,97 %. Cela n’a pas empêché l’AFD d’agiter l’argument migratoire pendant l’ensemble de la campagne. Le problème, pour l’AFD, est que la majorité des allemands pense que l’Allemagne peut et doit aider les émigrés et en particulier les Afghans depuis l’arrivée des Talibans au pouvoir. Ce parti est perçu comme toxique par la majorité des Allemands.
Die Linke
Die Linke n’obtenant que 4,9 % des voix a manqué son objectif, menaçant même son existence. Il a perdu près de la moitié de ses électeurs et il est aujourd’hui le plus petit groupe parlementaire du Bundestag. Ses électeurs se sont largement reportés sur le SPD. Die Linke proposait de créer un prélèvement exceptionnel COVID-19 sur les plus riches et de rétablir l’impôt sur la fortune. Il revendique une hausse du salaire minimum à 12,50 de l’heure (9,60 actuellement), le plafonnement des loyers et souhaite la dissolution de l’OTAN et la création d’un organisme multilatéral de sécurité commune.
De « l’essoufflement » à la menace de récession
La croissance économique de l’Allemagne a été revue à la baisse dès l’été 2021 par la Banque centrale Allemande. Le dynamisme économique de l’Allemagne montrerait « des signes d’essoufflement ».

L’Allemagne se retrouve en 2021 avec des infrastructures très dégradées, des débits internet très faibles, des problèmes importants dans la qualité des réseaux mobiles et doit aller vers une transition énergétique très coûteuse et difficile. L’Allemagne est face à de nombreux défis structurels. Sur la production d’énergie électrique, la décision est de fermer l’intégralité du parc des centrales nucléaires pour la fin 2022. Elle s’est engagée à fermer sa dernière centrale au charbon en 2030. Elle perdra alors 43 % de sa production électrique. Les investissements massifs dans les énergies solaires et éoliens sont donc indispensables pour pallier les fermetures de centrales nucléaires et de charbon ; et ont fait s’envoler le prix de l’électricité qui est 45 % supérieur à la moyenne européenne pour les particuliers et deux fois supérieur à celui de la France. L’Agence fédérale allemande des réseaux prévoit jusqu’à 2030 des besoins d’investissements d’environ 102 milliards d’Euros.
Les investissements publics quant à eux sont étranglés par la rigueur budgétaire.
L’économie basée essentiellement sur les exportations est particulièrement vulnérable aux perturbations économiques internationales avec la Chine et les États-Unis.
Aujourd’hui trois millions de personnes âgées vivent sous le seuil de pauvreté, alors que le nombre de millionnaires a doublé pendant le mandat d’Angela Merkel. Les personnes les plus désavantagées par les contrats de travail et la location d’appartements sont particulièrement les jeunes.
Avec la poursuite de la flambée des prix, et la menace de récession pour 2023 (le scénario de trois instituts de recherche économique allemands), la menace de stagflation, le recul des salaires réels qui s’ensuivrait atteindrait environ 3 % cette année et à nouveau l’année prochaine. Ce serait, selon l’Institut IFO, « le plus élevé depuis l’introduction des comptes nationaux en 1970 ».
Des négociations commencent fin septembre dans la métallurgie. Alors que le Syndicat IG Metall demande une hausse de 8% des salaires, certaines associations régionales d’employeurs appellent à un « zero round », c’est-à-dire à aucune augmentation de salaire. |
Le nouveau gouvernement allemand entre en fonction
Le SPD, les verts et le FDP ont donc conclu leur accord de coalition tricolore le 24 novembre2021 pour accéder au pouvoir, il a été discuté en deux mois. Ce contrat de coalition a été conclu en un temps record et il est intitulé « Oser plus de progrès. Alliance pour la liberté, la justice et la durabilité », slogan de Willy Brandt en 1969, fait 177 pages. Les mesures phares sont bien évidemment la rigueur budgétaire, la protection de l’environnement avec une sortie du charbon d’ici 2030 au lieu de 2038, une augmentation de production d’énergie renouvelable à 80 % d’électricité et construction d’usines à gaz à 20 %. Le mandat d’Emmanuel Macron sur la « souveraineté européenne » figure bel et bien dans le programme tripartite. Ce document ne s’interdit pas d’aller de l’avant avec un plus petit groupe d’États que 27 actuellement « si nécessaire ». Ce que Macron propose depuis son élection.
La coalition propose une Europe plus fédéraliste avec la création d’un ministre européen des affaires étrangères. Elle souhaite rejoindre le traité d’interdiction des armes nucléaires (en tant qu’observateur) et se dit favorable à un désarmement nucléaire sur le sol allemand de facto et la fin d’armes nucléaires américaines. Mais cet objectif de désarmement est en contradiction avec l’affirmation selon laquelle la coalition entend s’engager en faveur du maintien de potentiel de dissuasion (nucléaire) crédible au sein de l’OTAN.
Le SPD obtient une hausse à 12 euros du salaire horaire minimum contre 9,60 actuellement, une refonte des allocations chômage et un programme de construction de logements en particulier à Hambourg, longtemps dirigée par Olaf Scholz. Elle mise sur la généralisation du Pass sanitaire dans les transports et la restriction d’accès pour les non-vaccinés dans les lieux culturels…
Olaf Scholz est donc le quatrième chancelier social-démocrate de l’Allemagne et investi le 8 décembre.
Les verts obtiennent le Ministère de la protection du Climat et de l’Économie (Robert Habeck), celui de la Famille (Anne Spiegel), de l’Environnement (Steffi Lemke), l’Agriculture (Cem Ozdemir) et Annalena Baer bock prend la tête de la diplomatie avec les Affaires Étrangères. Le parti a par ailleurs validé par référendum l’accord de coalition gouvernemental.
Le FDP obtient le portefeuille des finances détenu par Christian Linder, celui de la Justice (Marco Buschmann), des transports (Volker Wissing) et de l’Éducation et de la Recherche (Bettina Stark-Watzinger).
Le SPD obtient deux ministères régaliens, l’intérieur (Nancy Faeser) et la Défense (Christine Lambrecht), celui du travail (Hubertus Heil), la Santé (Karl Lauterbach un des experts scientifiques le plus écouté depuis l’épidémie de la Covid-19), le nouveau ministère de la Construction et du logement (Klara Geywitz), et enfin (Svena Schulze ) au ministère de la Coopération économique et du Développement. Les militants du SPD ont approuvé le contrat de coalition à 98 % lors d’un congrès extraordinaire à Berlin le 4 décembre.
Pour la première fois depuis 20 ans La CDU est exclue du pouvoir.
À l’épreuve du réel
Ce nouveau gouvernement « feu tricolore » n’aura guère le temps de se retourner. Le 24 février 2022, Poutine lance son armée contre l’Ukraine.
Trois jours plus tard, le gouvernement opère un premier virage majeur : le chancelier annonce un plan d’investissement de 100 milliards d’euros pour moderniser la Bundeswehr. Grâce à l’appui de la CDU, le 1° juin, il obtient au Bundestag la majorité des 2/3 nécessaire pour une révision constitutionnelle nécessaire à l’adoption de ce « fond spécial ».
En même temps, il ne manifeste pas de zèle excessif dans son soutien à l’Ukraine. Certes, il annonce comme d’autres pays l’envoi d’armes à l’Ukraine, mais de l’annonce à la réalisation, il y a un fossé. De ce fait, le chancelier allemand est critiqué en Ukraine mais aussi au sein de sa coalition pour ses réticences à fournir des chars de combat à l’Ukraine. De ce fait, le 15 septembre encore, la ministre allemande des affaires étrangères, Annalena Baerbock (issue des Verts), est amenée à souhaiter publiquement une décision rapide quant à la livraison de tels chars. Cela 48 heures après que la ministre ukrainienne de la Défense ait déclaré n’avoir reçu des divers pays que 10% des armes nécessaires.
Mais le chancelier Scholz préfère plutôt, de son côté, imiter Macron et, lui aussi, prendre son téléphone le 13 septembre pour appeler Poutine et tenter de le convaincre, en vain, qu’il avait fait une « erreur » (sic) en engageant la guerre contre l’Ukraine.
Quant aux sanctions vis-à-vis de la Russie, elles n’enthousiasment pas le chancelier Scholz, en particulier en ce qui concerne l’ouverture qui était sur le point d’être réalisée du second grand gazoduc sous la Baltique, Nord Stream 2.
Le 22 février, deux jours avant l’offensive russe, en réponse à la reconnaissance par la Russie des deux régions séparatistes du Donbass ukrainien, le chancelier Scholz doit annoncer l’arrêt de la procédure alors en cours de certification de ce second gazoduc. Or, tenaillées par les besoins en gaz à bas prix de l’industrie allemande, les autorités allemandes avaient bataillé des années durant contre ceux qui, à Washington notamment, faisaient pression pour l’arrêt de ce projet.
Mais ensuite, Scholz va freiner l’ampleur des sanctions internationales visant gaz et pétrole russes.
Car les réductions d’achat de produits pétroliers à la Russie posent de grandes difficultés à l’économie allemande, d’autant plus grande que la Russie a décidé de son côté de réduire drastiquement les livraisons de gaz, en particulier celles transitant par le gazoduc Nord Stream 1. Le 5 septembre, le Kremlin a annoncé que ces livraisons ne reprendraient pas complètement tant que la Russie serait soumise à une politique de sanctions.
La difficulté pour l’Allemagne est qu’elle s’était engagée dans une réduction de l’usage du charbon… et dans un plan de fermetures des centrales nucléaires. Cela fait beaucoup. Trouver des palliatifs devient mission impossible. On multiple donc des mesures partielles, telles que le report de la fermeture de centrales nucléaires.
Le 5 septembre, le ministre de l’économie, Robert Habeck, annonce que deux des trois dernières centrales qui devaient fermer à la fin de l’année seront maintenues en réserve jusqu’à mi-avril 2023, soit un sursis de 3 mois et demi. Pas de quoi fouetter un écologiste. Mais pour ce ministre qui fut président des Verts, c’est déjà un sacrifice. Telle n’est pas la position du ministre des finances, Christian Lindner, un libéral membre du FDP, pour qui au contraire, ce n’est pas assez : il exige que les trois centrales ronronnent jusqu’en 2024. Et le fait valoir d’autant plus fortement qu’il vient déjà, la mort dans l’âme, d’accepter que les entreprises du secteur énergétique soient soumises à un « prélèvement sur les bénéfices aléatoires », autrement dit sur les bénéfices exceptionnels.
Et que dit le chancelier social-démocrate Olaf Scholz ? Il hésite car la présidente de son parti, Saskia Esken, est vent debout contre toute prolongation de l’agonie des centrales nucléaires. À cela s’ajoute la mise au point de l’exploitant qui déclare irréalisable techniquement un tel sursis accordé à une centrale en fin de vie… sans compter qu’il faudrait en outre modifier la loi.
Ainsi va la culture du compromis au sein du gouvernement allemand car il est pris entre deux feux : les exigences du patronat d’un côté, et les craintes d’un mouvement de masse contre l’envol des prix, ceux de l’énergie en particulier.
Ce qui signifie qu’en pratique, si une telle situation provoque tensions et hésitations au sein du gouvernement, elle le conduit généralement à privilégier les intérêts de la bourgeoisie, non ceux des salariés, sauf situation exceptionnelle provoquée par une mobilisation de masse.