Kanaky-Nouvelle Calédonie : bref rappel historique (1759 - 1988)
C’est le navigateur anglais, James Cook, qui fut le premier européen à découvrir cette terre en 1759. Il donna à ce pays le nom de New-Caledonia en raison des paysages ressemblant à la Calédonie écossaise.
Dès 1844, les premiers militaires français débarquèrent sur la Grande Terre et c’est sous Napoléon III qu’eurent lieu les premiers massacres d’indigènes en 1847. L’annexion de la Kanaky à l’État français par des troupes françaises en 1853 a pris un tour dramatique dès cette époque. Jusqu’au début des années 1850, la population kanake était estimée à environ 50 000 personnes. Suite aux exactions des colonisateurs elle diminue environ de moitié et ce n’est qu’un siècle plus tard (dans les années 1970) que l’on retrouve le niveau du milieu du XIXe siècle.
La Kanaky (terme qui exprime la volonté d’indépendance) est une colonie de peuplement (comme l’Algérie). La population kanake est massivement spoliée de ses terres cultivables, parquée dans des « réserves » et soumise au code de l’indigénat. Les révoltes sont réprimées dans le sang (1878, 1917).
L’État français organise la migration de population, depuis le Vietnam, les île mélanésiennes (Wallis et Futuna) dès le début de l’exploitation du nickel qui deviendra l’activité majeure de la Nouvelle Calédonie (terme utilisé par le colonisateur ; il exprime sa volonté de maintenir sa domination). Napoléon III en fait aussi une colonie pénitentiaire. Environ 21 000 prisonniers français de métropole ont été déportés de 1864 à 1897, dont plusieurs milliers de Communards. La population Kanaque servit aussi de chair à canon durant les deux guerres mondiales.
D’incessants conflits entre Européens et Kanaks se développèrent jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale. La Kanaky fut alors occupée par les États-Unis qui en firent une importante base militaire.
La IVe République érigea les colonies françaises en territoires d’outre-mer dotés de statuts particuliers en « tenant compte de leurs intérêts propres dans l’ensemble des intérêts de la République ». Une formulation bien entendue inconciliable avec les intérêts des Kanaques.
Les quelques améliorations ne changèrent rien aux fondements inégalitaires de la société calédonienne au moment où les colonies des puissances européennes accédaient à l’indépendance.
La Nouvelle Calédonie connut alors une profusion de statuts juridiques octroyant plus ou moins d’autonomie jusqu’aux accords de Matignon (1988), puis de Nouméa (1998). Un prochain article reviendra sur ces accords et les événements qui s’en sont suivis jusqu’à aujourd’hui.
Si les accords de 1988 et de 1998 ont pu faire espérer qu’une marche à l’indépendance était engagée et possible, ces données historiques montrent en quoi la politique de l’État français et la volonté constante de la population caldoche de maintenir sa domination sont profondément ancrées dans plus de 170 années de domination coloniale, puis néocoloniale de l’impérialisme français.