Édito : Crises, contradictions
La situation politique française est, de prime abord, paradoxale. Sur fond de crise économique et financière persistante se développent, par à-coups successifs, toute une série de crises particulières qui touchent le gouvernement, le Parti socialiste, le Front de gauche, l’UMP, la CGT ; le chômage progresse, l’hostilité aux institutions répressives de l’État et à la politique du gouvernement s’accroît. Toute la situation pousse au surgissement d’importantes mobilisations de masses. Et pourtant, pour le moment du moins, ni grèves de masses ni manifestations ne sont venues mettre en difficulté le gouvernement ni les partis politiques et appareils syndicaux qui protègent la politique de ce gouvernement défendant les intérêts du capitalisme français.
À l’échelle mondiale, si la production est de nouveau croissante dans un certain nombre de pays, comme aux États-Unis, et que le taux officiel de chômage a un peu diminué, c’est au prix d’un appauvrissement général des travailleurs, du développement des inégalités sociales - avec l’extension du nombre de « travailleurs pauvres » dont les salaires ne permettent pas même de trouver un logement - et d’une fuite en avant des politiques financières se traduisant par des taux d’intérêt quasi nuls voire négatifs et par un développement continu de l’endettement public mais aussi privé. Dans le même temps, d’autres pays (comme le Brésil) entrent en récession ou replongent dans la crise, comme la Russie : l’effondrement en cours du rouble tient d’abord à la chute des prix du pétrole ; les « sanctions économiques » décidées par les autres puissances pour contrecarrer la politique de Poutine en Ukraine interviennent comme facteur complémentaire.
Et il ne manque pas d’analystes économiques au service des banques ou des gouvernements pour s’inquiéter jour après jour des menaces qui s’accumulent sur le système financier international.
Dans ce cadre, partout, les gouvernements ne mettent en œuvre qu’une seule et même politique : s’attaquer aux acquis sociaux (eux-mêmes très inégaux selon les pays) et tenter de faire baisser les salaires réels, aussi misérables soient ils ; cette offensive est plus ou moins brutale selon les rapports de force locaux. À défaut qu’elle soit « suffisante » pour les patrons, ceux-ci procèdent à de nouvelles délocalisations. Ainsi le Mexique, dont les salaires peuvent être aujourd’hui plus bas qu’en Chine, récupèrent certaines activités de production qui avaient été envoyées en Chine.
Cette offensive continue contre les couches les plus pauvres des populations, et contre les salariés en particulier, est complétée par le renforcement des lois anti-démocratiques et des actions de répression policière et militaire : ainsi, au Mexique, au moins 43 élèves-enseignants (et sans doute des dizaines d’autres étudiants et lycéens) ont été enlevés et tués, sur ordre de politiciens mafieux, par des policiers eux mêmes membres de gangs criminels et mafieux.
Cette situation générale conduit, en dépit des difficultés, au surgissement de puissantes mobilisations, en général imprévues, touchant tour à tour les pays les plus divers : immenses manifestations - depuis fin septembre - à Hong Kong en défense du droit à des élections démocratiques menacé par l’intégration à la Chine de cette ancienne colonie anglaise ; puissantes manifestations au Mexique contre la terreur exercée par un appareil d’État corrompu et infiltré par les cartels de la drogue ; manifestations aux États-Unis (les premières de ce type depuis l’élection d’Obama) contre la répression policière visant les jeunes noirs, à Fergusson comme dans tant d’autres villes ; soulèvement populaire surgissant au Burkina Faso, les 30 et 31 octobre, contre les prétentions du Président Blaise Compaoré de modifier la constitution pour se faire reconduire, une fois encore, à la tête de l’État, insurrection qui a balayé en deux jours le pouvoir en place….
D’une manière générale, c’est à un renforcement chaotique, parfois lent, parfois brutal, des antagonismes de classes à l’échelle de la planète que l’on assiste, et cela souvent dans la plus grande confusion politique, processus entrecoupé de périodes plus ou moins longues où la lutte des classes dans tel ou tel pays semble assoupie, voire anesthésiée.
La situation française s’inscrit dans ce cadre général.
La politique conduite par le gouvernement de Hollande et de Valls suscite un profond rejet, en particulier de la part des salariés dont le plus grand nombre avait voté, aux élections présidentielle puis législatives de 2012, avec un objectif : en finir avec Sarkozy et sa politique réactionnaire. Mais la politique suivie par Hollande et ses premiers ministres successifs a consisté précisément à conforter quasiment toutes les mesures réactionnaires instaurées durant les années Sarkozy, puis à lancer de nouveaux « chantiers » répondant aux nouvelles exigences du patronat. Ce rejet se reflète dans les sondages publiés mois après mois, et s’est concrétisé par la défaite claire et nette, du Parti socialiste lors des élections municipales puis « européennes » du printemps 2014.
Cette double défaite électorale du Parti socialiste résulte du soutien constant porté au gouvernement par ce parti, soutien sans lequel le gouvernement ne pourrait pas exister, ni d’un point de vue constitutionnel (nécessité d’une majorité au Parlement), ni même d’un simple point de vue politique. La crise gouvernementale, qui s’est exprimée à la fin de l’été 2014 par la formation du second gouvernement Valls est liée à la crise qui se développe au sein du PS, où s’est cristallisée une aile « critique » de quelques dizaines de députés qualifiés de « frondeurs ». Qu’il faille préciser que la politique de ces « frondeurs » ne consiste qu’à vouloir aménager la politique du gouvernement, et être plus efficace pour servir les besoins de « l’économie française » (donc du patronat), qu’il faille n’avoir aucune illusion à l’égard de ce groupe hétéroclite de députés, est une chose nécessaire. Mais il est également nécessaire de prendre la mesure de ce que signifie l’apparition d’un tel groupe, pour la première fois depuis 1981 et sous un gouvernement dirigé par le PS. C’est le reflet d’une crise profonde au sein de ce parti déserté en masse par ses adhérents, et l’expression d’une contradiction fondamentale : le PS ne peut pas survivre indéfiniment en tournant ouvertement le dos à ceux qui l’ont porté au pouvoir, il ne peut pas devenir un simple parti bourgeois en faisant une politique bourgeoise (l’électorat bourgeois préférera toujours un « vrai » parti bourgeois, choisira toujours l’UMP ou le FN - partis créés par la bourgeoise - plutôt que le PS) ; il ne peut que se briser, se disloquer, et mourir (comme, en son temps, mourut le Parti socialiste italien).
De manière significative, le Front de gauche et ses diverses composantes n’ont tiré aucun profit des défaites électorales du PS. Pire : il se déchire, et sa crise touche autant le PCF lui-même que le Parti de Mélenchon. La raison en est que ce cartel a oscillé en permanence entre une position « critique » vis-à-vis du gouvernement et un soutien plus ou moins ouvert. Ainsi les quelques députés du Front de gauche ont-ils tous voté la très réactionnaire loi Peillon disloquant l’enseignement public. Ainsi le PCF, dans l’écrasante majorité des mairies et régions dirigées par le PS, participe-t-il aux exécutifs (dans les régions, les quelques élus du PG ne votent pas contre les budgets, mais choisissent de s’abstenir…).
Quant à leurs « critiques », elles ne portent jamais sur l’essentiel. Jamais, par exemple, ils ne formulent l’exigence du retour à l’indexation des salaires sur les prix, du retour aux 37,5 annuités pour une retraite pleine et entière, à la réduction massive du temps de travail sans flexibilité et sans baisse des salaires, sans même parler de la pourtant indispensable expropriation de toutes les banques. Et, bien sûr, jamais les dirigeants du PCF et du PG ne remettent en cause la politique de dialogue social conduite par toutes les directions syndicales : bien au contraire, ils réclament « davantage » de dialogue social, ou encore un « vrai » dialogue social.
Dans cette situation, le PG qui prétendait à sa naissance être une alternative à la déliquescence du PS est il lui aussi en crise, tout autant déserté que le PS par ses adhérents.
Pour tenter de surmonter cet échec, Mélenchon a choisi la fuite en avant et la posture bonapartiste : il a imaginé durant l’été un « Mouvement pour la VIè République », qualifié d’ « objet politiquement neuf ». Puis il a fait « découvrir » cet « objet » aux militants de son parti, avant de le faire entériner par le conseil national du PG, selon la bonne tradition bonapartiste qui soumet le Parti à son chef, lequel préfère d’ailleurs créer un « mouvement » que renforcer un parti qui pourrait lui demander des comptes. Remarquons qu’en fait de « nouveauté », on reste plutôt dans la continuité. La « sixième » République, comme son numéro l’indique, prend la suite des cinq premières « républiques » bourgeoises, par définition, il ne peut s’agir que d’une nouvelle république bourgeoise, une nouvelle constitution préservant la continuité de l’appareil d’État bourgeois.
Le résultat ? Il est exprimé par nombre de militants : « On va droit dans le mur. La Sixième République, tout le monde s’en fout ».
Le départ de Bernard Thibault avait donné lieu, en 2012, à de sévères affrontements au sein de l’appareil confédéral pour désigner le nouveau secrétaire général. Finalement, un pseudo compromis l’avait emporté, en la personne de Thierry Lepaon. Ce qui était en jeu, c’était de savoir jusqu’à quel niveau de collaboration avec le gouvernement pouvait s’engager le syndicat.
Durant ces deux brèves « années Lepaon », ce fut un alignement global sur la CFDT, le syndicat s’engageant pleinement dans la politique de dialogue social dont Hollande avait besoin.
Aujourd’hui, la situation est un peu différente : le gouvernement Valls, aiguillonné par le MEDEF, ne peut plus prendre tout le temps nécessaire à cette collaboration, et les critiques se multiplient à l’intérieur du syndicat contre cette politique fort conciliante qui, on s’en souvient pour la question des retraites, revient à accompagner la politique gouvernementale, se contentant de quelques vagues critiques. Ce que refusent les syndiqués, c’est un affaiblissement de leur organisation syndicale. Mais ce que redoutent les diverses fractions de l’appareil, c’est l’affaiblissement de leur capacité à « contrôler » les mobilisations, à les endiguer en cas de besoin.
La guerre interne à l’appareil se mène avec les méthodes d’une organisation mafieuse : fin octobre, puis en novembre, la presse est « informée », de « l’intérieur », d’une nouvelle « affaire » compromettant le secrétaire général : coût exorbitant des travaux concernant son « logement de fonction », puis de son bureau, et enfin scandale de ses « indemnités » lors de son passage du statut de permanent régional à celui de permanent national. La question de son remplacement est dès lors ouvertement posée début décembre. En tout état de cause, cette crise de l’appareil, sans précédent, traduit le refus croissant, par la base syndicale, de la politique suivie.
Ces différentes crises devraient conforter les partis de la bourgeoise, principalement l’UMP, devant qui un boulevard est ouvert pour préparer les prochaines élections.
Or, cette situation à priori favorable n’empêche nullement la crise de toucher l’UMP. La multiplication des affaires judiciaires visant les comptes de l’UMP et visant Sarkozy exacerbe les tensions. Et l’élection, sans gloire, de Sarkozy à la tête de l’UMP n’y change rein. Un conflit se prépare bel et bien entre différents candidats potentiels, notamment Juppé, Fillon et Sarkozy, pour l’élection présidentielle.
Là encore, les questions d’ego n’interviennent que peu. Derrière, il y a la question de la politique à conduire vis-à-vis du Front national qui devient un redouté concurrent électoral : le mettre « en quarantaine » comme le faisait (plus ou moins…) Chirac, ou reprendre à son compte une part croissante de son programme (et jusqu’à quel point ?), voire accepter la possibilité d’alliances comme il y en a eu, par exemple, en Autriche ? Les positions peu à peu s’affinent, avec en toile de fond la question centrale, qui ne cesse de déchirer la bourgeoisie française : la question de l’Union européenne, du degré d’intégration, ou de rejet vis-à-vis de « Bruxelles ». Or les différentes couches de cette bourgeoisie n’ont pas, sur ce plan, les mêmes intérêts, les petits patrons écoutant souvent avec attention les discours nationalistes et chauvins du Front national tandis que les banques et grandes entreprises réclament, à l’inverse, davantage « d’union », à l’instar de Laurence Parisot revendiquant une Europe fédérale et vouant le Front national aux gémonies.
Mais par contre, pour l’essentiel, il y a un accord général pour remettre en cause, plus ou moins violemment, tous les acquis sociaux.

2006, mouvement contre le CPE, Sorbonne
Le fait que toutes ces organisations soient en crise ne freine guère leur politique réactionnaire : dans l’éducation, la loi Peillon est mise en œuvre, les coupes budgétaires frappent l’Université, les salaires des fonctionnaires sont de nouveau bloqués, le pouvoir d’achat des retraités régressent tandis que, dans les entreprises, les licenciements se poursuivent, et de nouvelles lois sont en projet, dont une redoutable réforme de l’impôt et de nouveaux cadeaux au patronat (concernant le travail du dimanche par exemple).
Face à cette situation, il y a des éléments de résistance : c’est le cas dans les universités, touchées par l’asphyxie financière et la mise en œuvre des lois jumelles Pécresse-Fioraso ; c’est aussi le cas dans les établissements scolaires qui sont sortis des « zones prioritaires », et qui perdent de ce fait les maigres moyens supplémentaires qui leur étaient attribués.
Mais ces mouvements sont pour l’instant émiettés, dispersés, et les directions syndicales contribuent à cette situation en refusant de formuler des exigences qui contribueraient à unifier le mouvement, telles que l’abrogation des lois Pécresse et Fioraso (dont résultent toutes les mesures particulières) ou l’abrogation des décrets issus de la loi Peillon (pour commencer).
En outre, toutes les mobilisations sociales sont entravées par la politique systématique de dialogue social, de concertation avec le gouvernement et le patronat, que les dirigeants syndicaux poursuivent de manière systématique.
Ainsi s’explique (au moins pour une part) le paradoxe de la situation : cette situation est largement propice à de puissantes mobilisations, mais celles-ci n’ont pas jailli. En tout cas, ce ne sont pas des directions syndicales, même soumises à forte pression, que viendra un élément déclencheur.
Parallèlement à l’offensive conduite sur le terrain social, le gouvernement poursuit la politique de ses prédécesseurs en renforçant la législation répressive (préparant ainsi de nouvelles lois sur l’immigration), et en permettant à la police d’utiliser largement son arsenal, dont les tasers, les flash-balls, qui ont gravement blessé nombre de manifestants, et les grenades explosives, jusqu’à ce qu’un manifestant, Rémi Fraisse, soit tué dans la nuit du 25 octobre sur le chantier du barrage de Sivens. Si cette mort, et les nombreuses protestations qu’elle a suscitées, a conduit le gouvernement à suspendre l’usage de cette dernière arme, les autres continuent d’être utilisées.
Comment s’en étonner ? On ne peut oublier que l’appareil d’État tout entier est un appareil coercitif constitué pour protéger la propriété privée des moyens de production et leurs propriétaires, et que la police (voire l’armée en cas de besoin) sont des outils mis en œuvre par les gouvernements pour défendre l’ordre bourgeois. Quant au niveau de répression, il est défini par le pouvoir d’État en fonction des nécessités, et des rapports de force politiques. Le degré de violence policière était ainsi beaucoup plus important durant la guerre d’Algérie, y compris dans la métropole.
Certains s’indignent d’un « usage disproportionné de la force ». Y aurait-il donc un usage légitime, parce que « proportionné », de la force ? En réalité, cette notion revient à légitimer l’existence même des forces de répression.
Ce que redoutent en réalité tous les gouvernements, c’est que la répression, par exemple contre une manifestation, loin de briser cette mobilisation, provoque une réaction de masse telle que le pouvoir soit obligé de reculer. C’est ce qui s’est passé en 1986, alors qu’une puissante mobilisation (dont une gigantesque manifestation d’étudiants et de lycéens en direction de l’Assemblée nationale) exigeait le retrait de la loi Devaquet instaurant la sélection à l’entrée de l’université. Le meurtre d’un étudiant, Malik Oussekine, en marge d’une manifestation, par des « voltigeurs » (équipes de policiers à moto constituées par le ministre Pasqua), provoqua une immense colère. Avant même que la principale fédération syndicale enseignante de l’époque, la FEN, n’ait eu le temps de rendre public un appel à la grève générale, le Premier ministre Chirac annulait la loi Devaquet.
La bourgeoisie française a gardé un cuisant souvenir de cette affaire, et n’a pas osé, depuis, instaurer frontalement une sélection à l’entrée de l’université. Elle a eu recours à d’autres dispositifs de sélection et d’orientation pour adapter l’université à ses besoins actuels.
Par contre, si des manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes contre le meurtre de Rémi Fraisse, elles n’ont pas eu de caractère de masse. Et les tentatives pour les reconduire et les renforcer ont fait long feu. Certains ont déploré que cette mort n’ait pas provoqué de révolte de toute la jeunesse, et une réaction bien moindre qu’après la mort de Malik Oussekine.
Cela mérite réflexion. La différence de situation a certainement joué : en 1986, l’enjeu de la mobilisation n’était pas la protection d’une « zone humide », mais une loi contre laquelle tous les étudiants, organisés dans l’unité en comités de grève, avec leur syndicat, étaient mobilisés. De manière bien différente, après la mort de Rémi Fraisse, certains manifestants, pour exprimer leur colère et leur rage, ont prôné l’action contre la police et les symboles du pouvoir, tout en tenant des discours véhéments contre les partis et les syndicats qui « collaborent » avec le Capital….
Or, le prolétariat a mesuré depuis longtemps que les actions minoritaires, notamment contre la « violence d’État », ne mènent qu’à l’échec, ne servant tout au plus au pouvoir qu’à parfaire son dispositif répressif. Face à la répression comme face à toute offensive de la bourgeoisie, c’est au contraire l’unité qui doit être recherchée. Ce qui implique un combat politique en direction des organisations traditionnelles du mouvement ouvrier, et notamment à l’intérieur des syndicats, pour que se réalise l’unité contre l’ensemble de la politique gouvernementale.
Dans cette situation, et en l’absence d’un parti révolutionnaire à même de contribuer de manière décisive au combat pour l’unité contre la bourgeoisie, et pour un autre gouvernement, un gouvernement des travailleurs, on ne peut que miser sur le mouvement spontané. Comme on l’a vu, c’est un tel mouvement spontané qui a jailli - une fois encore là où on ne l’attendait pas - en différents lieux de la planète : à Hong Kong, au Burkina Faso ou aux États-Unis.
Certes, en l’absence d’alternative au capitalisme et à son gouvernement, la chape de plomb de l’ordre capitaliste, diront les pessimistes, retombe aussitôt. Ainsi, aux États-Unis, les mobilisations contre le meurtre de Fergusson n’ont pas empêché, quelques jours plus tard, la police d’abattre un enfant de 12 ans qui jouait avec un révolver de plastique ; au Burkina Faso, un gouvernement bourgeoise de transition a immédiatement repris la main, avec, en retrait, le pouvoir de l’armée ; et à Hong Kong, la mobilisation a commencé de se déliter début décembre.
Mais en même temps, de nouvelles expériences sont accumulées par la jeunesse et les travailleurs, des générations nouvelles de militants se forment, et chacun mesure combien, en fin de compte, ces pouvoirs, qu’ils soient dictatoriaux, bonapartistes ou démocratiques, sont en réalité fragiles face à la mobilisation des masses.
Miser sur le mouvement spontané ne signifie nullement attendre au coin du feu de tels surgissements. Il s’agit d’en préparer les conditions politiques, de rassembler les éléments qui permettent à de tels mouvements d’aller le plus loin possible, de poser les jalons pour construire un parti révolutionnaire. Mettre en avant des revendications qui unifient et vont à l’essentiel, agir pour mettre fin à la politique de dialogue social, sont aujourd’hui des aspects décisifs de ce combat.