Les travailleurs et la jeunesse ont chassé Sarkozy et élu François Hollande : ils exigent que soient satisfaites leurs revendications
Le 6 mai, une majorité d’électeurs, une écrasante majorité de travailleurs, avec la jeunesse et l’ensemble de la population laborieuse, a voté François Hollande pour chasser Sarkozy.
Leur volonté est de porter un coup d’arrêt à l’offensive de la bourgeoisie, et qu’enfin soient satisfaites leurs revendications.
Ce vote s’inscrit dans la continuité des puissantes mobilisations qui se sont succédées depuis l’élection de Sarkozy au printemps 2007, en particulier : mobilisation des étudiants contre la LRU en 2007, puis de nouveau en 2009 avec les enseignants d’université, grèves dures dans un certain nombre d’entreprises (Continental…) et dans différents secteurs (notamment des transports ferroviaires, maritimes…) jusqu’à la mobilisation de toute la classe ouvrière, à l’automne 2010 contre la loi Sarkozy s’attaquant aux retraites.
Dans ces mobilisations, dans un nombre croissant de manifestations s’était exprimée la volonté de chasser Sarkozy. Car il apparaissait clairement pour les travailleurs que, si l’on voulait obtenir satisfaction, il était nécessaire de s’affronter à Sarkozy et à son gouvernement, et de les chasser. Mais les dirigeants de fédérations et confédérations syndicales ont choisi le dialogue social avec le gouvernement, réclamé de nouvelles négociations et permis ainsi à Sarkozy d’aller au terme de son mandat.
C’est donc le terrain des élections que la classe ouvrière a du en fin de compte utiliser pour dégager Sarkozy, bien que le terrain électoral ne soit pas le plus favorable à la classe ouvrière, à fortiori lorsqu’il s’agit de l’élection présidentielle dans le cadre du bonapartisme décadent de la Vème République. Rappelons simplement qu’une fraction importante de la classe ouvrière d’immigration plus ou moins récente n’a même pas le droit de vote. En dépit de ces difficultés, la classe ouvrière a réussi à chasser Sarkozy et à mettre fin à son gouvernement portant ainsi un premier coup au dispositif politique de la bourgeois française.
Mais en votant pour François Hollande, les travailleurs n’ont pas voté pour son programme. Un grand nombre d’entre eux savent que ni Hollande ni le PS ne veulent remettre en cause le capitalisme, ni les intérêts de l’impérialisme français.
Ils ont voté pour chasser Sarkozy afin de lever un premier obstacle qui se dressait face à leur combat. Ce premier coup porté à la bourgeois française implique d’en porter un second : chasser la majorité UMP à l’Assemblée, chasser tous les députés des partis bourgeois : UMP, mais aussi Modem, Radicaux. Faire en sorte que les partis bourgeois (Radicaux et Modem, UMP et FN) aient la plus faible représentation possible à l’Assemblée.
Le vote de classe qui s’est exprimé dans l’élection présidentielle doit s’exprimer clairement par l’élection de députés du PS des partis constituant le Front de Gauche (PCF, PG, …), voire (éventuellement) de députés du NPA, de LO.
L’élection d’une telle majorité de députés des partis du mouvement ouvrier implique bien évidemment qu’aucun accord ne soit passé, sous quelque prétexte que ce soit avec des candidats de partis bourgeois (fussent-ils qualifiés de « républicains » ou d’ « humanistes ») et notamment aucun accord avec des candidats du Modem ou des divers partis Radicaux.
Cette question des élections législatives va être au centre du débat politique dans les semaines à venir. L’élection d’une majorité PS-Front de gauche faciliterait l’exigence d’un gouvernement sans représentant des partis bourgeois. Le combat pour l’unité pour que soit satisfaite les revendications implique en même temps de rejeter toute politique de division entre ces partis, politique de division qui, en Grèce, a facilité l’émergence des forces néo-nazies.
Ceci dit, les travailleurs n’ont pas à se soumettre à ce calendrier électoral, ni à rester l’arme au pied en attendant la fin de la campagne législative. Leurs revendications ne sauraient attendre. Ayant chassé Sarkozy, ils sont en droit d’exiger que soient satisfaites immédiatement quelques premières revendications urgentes concernant, en particulier, l’augmentation des salaires, des premières mesures contre le chômage ainsi que l’annulation de toutes les mesures réactionnaires imposées par le gouvernement Sarkozy et les gouvernements antérieurs. Or, à peine la défaite de Sarkozy était-elle annoncée que les dirigeants des fédérations et confédérations syndicales manifestaient leur volonté de « dialoguer » avec le futur gouvernement pour faire valoir les propositions qu’ils entendent formuler.
Mais c’est à l’ensemble de travailleurs - syndiqués et non syndiqués- de décider quelles sont leurs revendications immédiates et de rappeler les revendications pour lesquelles ils se sont battus au cours des dernières années. Ainsi, les travailleurs ont combattu pour l’abrogation pure et simple des lois s’attaquant à leurs droits à la retraite et non pour un aménagement de ces lois. Ils ne revendiquent pas seulement le retour à la retraite à 60 ans, mais une retraite pleine et entière avec 37,5 annuités - calculée, pour le privé, sur la base des dix meilleures années.
Ainsi, à l’université, les étudiants et les enseignants ne demandent ni une réécriture de la LRU, ni que l’abrogation de la LRU soit conditionnée au vote d’une nouvelle loi, mais exigent l’abrogation pure et simple de la loi Pécresse-Sarkozy.
On peut multiplier les exemples ; mais c’est aux travailleurs de définir leurs revendications et les formes des combats à engager, ce qui implique, partout la convocation d’Assemblées générales de tous les travailleurs, incluant les organisations syndicales.
Les dirigeants syndicaux doivent être au service de l’ensemble des travailleurs et de la jeunesse. C’est cela qui doit être défendu, dans et hors les syndicats. C’est sur cette base que peut se réaliser le Front unique de la classe ouvrière impliquant l’ensemble des syndicats et des organisations politiques du mouvement ouvrier sous le contrôle de la classe ouvrière. Mais cela s’inscrit dans une perspective : en finir avec le capitalisme et son État et combattre pour le, socialisme. C’est-à-dire pour une société dont l’économie n’est pas gouvernée par la recherche du profit, fondée sur la propriété privée des moyens de production et l’exploitation de l’homme par l’homme, mais une société fondée sur la propriété collective des moyens de production au service des besoins de la population.