Cheminots et intermittents : un même combat contre la politique du gouvernement

Lundi 16 juin : par milliers, les intermittents du spectacle manifestent dans tout le pays tandis que se poursuit la grève des cheminots contre le projet de réforme de la SNCF. À Lyon, devant la préfecture, un cortège de cheminots rejoint un rassemblement d’intermittents du spectacle en grève contre l’accord sur l’assurance chômage. 800 à 1000 intermittents du spectacle et cheminots exigent, en vain, d’être reçus par le ministre du travail, de l’emploi et du dialogue social Rebsamen.
Mardi 17 juin, à Lyon : à la gare Perrache, des intermittent du spectacle rejoignent les cheminots qui ont reconduit la grève engagée le 10 juin au soir.
Mardi 17 juin, à Paris : alors que l’Assemblée nationale doit commencer à discuter du projet de réforme de la SNCF, des cheminots tentent de se rapprocher de l’Assemblée, protégée par la police. Le ministre de l’intérieur du gouvernement Valls-Hollande a interdit que les grévistes puissent se faire entendre des députés qu’ils ont élus : la majorité parlementaire doit être à la botte de Valls et de Hollande ! C’est ce qu’exigent Valls et Hollande.
Mardi 17 juin : Valls, Premier ministre, réunit les députés du PS pour indiquer qu’il ne cèdera rien, et exiger que les députés qui ont des états d’âme rentrent dans le rang.
Lundi 16 et mardi 17 juin : la presse bourgeoise, le Figaro et les Échos en tête, note la radicalisation des luttes, et s’inquiète que des directions syndicales soient bousculées par leur base
Ils s’inquiètent que tout le savant dispositif de dialogue social destiné à faciliter l’adoption de lois et mesures réactionnaires soit menacé : « le dialogue social, érigé en méthode de gouvernement par François Hollande est en panne » (Les Échos du 16 juin).
Car il faut rappeler que l’accord pour une nouvelle convention sur le chômage a été signé par la CFDT, FO, CFTC et le Medef. Après avoir été discuté par tous les syndicats.
Et que le projet de réforme ferroviaire a été discuté 18 mois durant par tous les dirigeants syndicaux.
En se dressant contre ces deux projets, les intermittents et les cheminots menacent toute la politique de dialogue social, et remettent en cause la politique de ces directions syndicales qui collaborent avec le gouvernement.
Fondamentalement, les grévistes du rail veulent le retrait de la réforme, non son aménagement, et la défense de leur statut : « la réintégration du système ferroviaire » et « la non remise en cause du Statut ».
Et ce que veulent les intermittents en grève, c’est que le gouvernement refuse son agrément à l’accord concocté par le MEDF et quelques syndicats.
En engageant ce combat, ces mobilisations menacent toute la politique d’un pouvoir qui serait impuissant sans la bonne volonté des directions syndicales de participer au dialogue social.
Pour cette raison, un recul du gouvernement sur la question de la réforme de la SNCF ou sur celle du chômage des intermittents serait une défaite du gouvernement et ouvrirait la voie à une mobilisation générale des travailleurs.
Le gouvernement Valls n’y résisterait pas, d’autant que la majorité parlementaire qui le soutient encore se disloquerait rapidement.
Dans cette perspective, la question d’une manifestation unie à l’Assemblée nationale est posée, et cela de manière urgente, pour contraindre la majorité parlementaire à rejeter le projet de réforme ferroviaire. C’est ce qu’a bien compris l’UMP dont le porte-parole déclare « nous ferons en sorte que les débats ne s’allongent pas. On a bien compris la technique des grévistes de vouloir vraisemblablement reconduire la grève tout au long des débats. Donc on ne fera pas durer les débats » à l’Assemblée. Car l’UMP veut aider le gouvernement contre les grévistes, et contre toute éventuelle « faiblesse » d’une partie des parlementaires qui ont jusqu’alors soutenu Valls.
La responsabilité des organisations du mouvement ouvrier, partis et syndicats, d’appeler à une manifestation nationale à l’Assemblée est donc immense, sur l’exigence : « retrait de la réforme du système ferroviaire » et « l’accord sur le chômage ne doit pas être agréé ».
C’est de la responsabilité des fédérations syndicales concernées, mais aussi des confédérations, qui répondraient ainsi à la recherche du mouvement uni que les cheminots et intermittents ont exprimé, et à l’aspiration de tous les salariés à ce que soit infligée une défaite à ce gouvernement.